Ce Club était co-organisé par Isère Gérontologie et l’association du Relais Ozanam sur les oubliés des politiques gérontologiques, et notamment des « personnes en situation de grande précarité ».
"Trop vieux pour la rue,
trop jeunes pour la maison de retraite"
Ces personnes sont des hommes et des femmes qui ont eu des parcours de vie chaotiques, appartenant à la « génération RMI », ayant fréquenté des établissements d’hébergement (Accueil d’urgence, hébergement temporaire, CHRS, pension de famille), aux faibles ressources, cumulant des problèmes de santé, quelquefois présentant des problèmes de comportement et des conduites addictives.
Les équipes éducatives qui aident au quotidien et dans la durée, ces cabossés de la vie sont très démunies et doivent se transformer en auxiliaires de vie, faire face à leurs problèmes de santé et leur perte d’autonomie et dans certains cas de plus en plus fréquents, les accompagner dans leur fin de vie.
Témoignages, réflexions et débats ont été introduits par Charlotte Doubovetski qui a présenté son travail de recherche « Le vieillissement inattendu : enquête autour de l'accompagnement illimité en pension de famille », et enrichis par la restitution des résultats d’une mini enquête réalisée auprès de directeurs d’EHPAD par Amandine Porcher Sala (docteur en gérontologie et en ergonomie).
Professionnels, et de la gérontologie et du secteur de l’accueil et de l’hébergement, ont échangé sur les problèmes spécifiques de ces publics particuliers qui ne sont pas toujours les bienvenus dans les établissements et service « classiques », surtout du fait des représentations que l’on en a !
Une nouvelle fois l’enjeu est de mettre en synergie les secteurs sociaux, médico-sociaux et sanitaires qui trop souvent (avec des cultures et des méthodes différentes) s’ignorent !
Que faire ? Des pensions de famille avec du personnel médical ? Des unités spécifiques au sein d’EHPAD avec du personnel éducatif ? Des EHPAD spécialisés ?
Voir le film Une retraite pour les SDF marseillais de Catherine Heuzé.
Immersion et témoignages à l'EHPAD Saint-Barthélemy de la Fondation Saint Jean de Dieu à Marseille : cet établissement prend en charge, depuis 2006, une trentaine de sans-abris âgés.
Magnifique reportage de l'équipe de l'émission "In vivo" de France 5.
Charlotte Doubovetzky, chargée de mission à la pension de famille Relais Ozanam à Voiron présentera son travail de recherche :
"Vieux et précaire, tu parles d'un tableau !"
Le vieillissement inattendu : enquête autour de l'accompagnement illimité en pension de famille
Le mardi 25 septembre 2018 de 18h30 à 20h30
à la Maison des Habitants Bois d'Artas
3 rue Augereau à GRENOBLE
Charlotte Doubovetzky présentera en compagnie de Sandrine Biatois, IDE
(lire ci-dessous l'introduction de Claude Fages)
Les oubliés des politiques gérontologiques
Il existe dans le champ social des « zones blanches » qui échappent aux politiques publiques : des oubliés de la solidarité nationale. C’est le cas des « personnes en situation de grande précarité » qui vieillissent. Elles rejoignent des publics spécifiques dont les problématiques liées à leur vieillissement ne trouvaient pas ou ne trouvent toujours pas, de réponses adaptées dans les services et établissements existants : les personnes handicapées vieillissantes, les immigrés vieillissants…
Ces publics tout au long de leur vie ont vécu en marge, souvent victimes de discriminations pour des raisons différentes et ne sont pas « intégrables » dans les établissements traditionnels de type EHPA ou EHPAD.
A titre d’exemple les personnes en situation de handicap (déficience intellectuelle) qui ont vécu la plupart du temps en institution, accompagnées par du personnel éducatif, sont mal acceptées dans les EHPAD d’une part parce qu’elles demandent un accompagnement particulier et parce qu’elles sont souvent plus jeunes. Un film de la Fondation de France, « Cheveux blancs, cheveux gris » avait finement illustré il y a quelques années, les difficultés (mais aussi les aspects positifs) à faire co-habiter des publics différents.
Ces « personnes en situation de grande précarité » sont des hommes et des femmes qui ont eu des parcours de vie chaotiques, appartenant à la « génération RMI », ayant fréquenté des établissements d’hébergement (Accueil d’urgence, hébergement temporaire, CHRS, pension de famille), aux faibles ressources, cumulant des problèmes de santé, quelquefois présentant des problèmes de comportement et des conduites addictives. Ces personnes ne sont pas les bienvenues dans les structures traditionnelles.
Comme pour les personnes en situation de handicap, leur intégration dans les établissements de droit commun pose problème parce qu’ils sont souvent plus jeunes et nécessitent un accompagnement personnalisé peu compatible avec les moyens octroyés dans les établissements du secteur personnes âgées.
Les équipes éducatives qui aident au quotidien et dans la durée, ces cabossés de la vie sont très démunies et doivent se transformer en auxiliaires de vie, faire face à leurs problèmes de santé et leur perte d’autonomie et dans certains cas de plus en plus fréquents les accompagner dans leur fin de vie.
Alors que faire : des pensions de famille avec du personnel médical ? Des unités spécifiques au sein d’EHPAD avec du personnel éducatif ? Des EHPAD spécialisés ?
Il y a lieu de réfléchir, comme cela a été fait pour les personnes en situation de handicap (problématiques souvent prises en compte dans les schémas départementaux depuis quelques années) sur la prise en compte de ce public spécifique qui, étant donné l’évolution démographique, représente des cohortes non négligeables.
Le 31 Juillet 2018
Claude FAGES
Association Isère gérontologie
Ancien directeur d’établissement pour personnes handicapées (Le Planeau : Association Ste Agnès)
Ancien responsable du secteur accueil hébergement au CCAS de Grenoble